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La restauration de l'Hôtel de Caumont

  • Façade
  • Décors intérieurs
  • Jardins

En juillet 2013, un vaste programme de restauration a été lancé pour redonner à l’Hôtel de Caumont son lustre d’antan. Supervisé par la Direction régionale des affaires culturelles, la Conservation régionale des Monuments Historiques et l’Architecte des Bâtiments de France, ce programme s’appuie sur l’expertise de Mireille Pellen, Architecte du Patrimoine.

Première étape du programme de restauration, le ravalement de la façade a permis à Culturespaces de remettre en valeur le style "baroque aixois" de l’Hôtel de Caumontqui servit de modèle pour certains édifices aixois. D’une sobriété élégante, la décoration extérieure de la façade présente un harmonieux mélange entre un style parisien, marqué par son classicisme, et un style aixois, plus baroque, à l’accent provençal. Leur confrontation est au fondement de l’originalité stylistique du lieu et de la qualité de sa réalisation.

"On redécouvre ici le savoir-faire de l’architecte Robert de Cotte, qui compose et joue sur l’alternance des ordres pour magnifier la façade", explique Mireille Pellen.

Parmi les artistes provençaux qui ont contribué à sa décoration se trouvent les figures les plus marquantes d’Aix-en-Provence – les sculpteurs Toro et Chastel, le serrurier Mignet.

"Lors du ravalement de la façade, les tailleurs de pierre ont remplacé les pierres les plus abîmées, tout particulièrement sur la façade Nord de l’hôtel. Sur la façade Est, l’ensemble de la grande verrière qui donne tout son charme et sa luminosité au hall d’entrée a été restaurée. De nouveaux verres soufflés bouche ont pris place, donnant une très belle vibration à la lumière", détaille encore Mireille Pellen.

Travail sur les ferronneries
Un travail important a été entrepris sur les ferronneries avec la Serrurerie Romano, basée à Combas dans le Gard. Les différents motifs décoratifs des garde-corps et du balcon de l'hôtel, fortement altérés par la rouille ou encore les infiltrations d'eau et de gel, ont dû être déposés et restaurés minutieusement en atelier. Ainsi, chaque partie cassée ou abîmée a été soigneusement restaurée avec du fer pur puis recouverte d'une peinture riche en zinc. Le balcon d’honneur, à la ferronnerie de très belle facture, est aujourd’hui redoré à l’or fin.

L’architecture de l’Hôtel de Caumont a subi des transformations malheureuses au cours du XXe siècle (disparition de certaines gypseries, destruction de cheminées, suppression de cloisons, démolition de plafonds...). Afin de restituer la beauté et l’atmosphère de l’Hôtel de Caumont, dans le plus pur esprit du Siècle des Lumières, et pour qu’il retrouve sa distribution intérieure d’origine telle que l’avait conçu l’architecte Robert de Cotte, d’importantes restaurations sont réalisées dans le respect des règles de conservation des Monuments Historiques et sous le contrôle de la Direction Régionale des Affaires Culturelles.

Didier Benderli, à l’œuvre pour la décoration intérieure
Pour la décoration intérieure de l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art, Culturespaces a fait appel à l’expertise de Didier Benderli, à la tête de l’agence Kérylos Intérieurs. Il résume les grands principes qui ont présidé à ses choix pour l’Hôtel de Caumont :
"L’Hôtel de Caumont s’est tout de suite imposé à nous comme un lieu exceptionnel. De par son architecture et ses volumes intérieurs, d’abord, mais ensuite par son escalier monumental et son puits de lumière, uniques dans cette ville. Nous avons conçu notre projet autour d’une idée primordiale : respecter l’âme de ce bâtiment. Mais plus qu’une simple reconstitution historique, il s’agit véritablement de lui redonner vie.

Nous avons ainsi fait resurgir le passé grâce à des sondages qui nous ont permis d’identifier les couleurs originelles de magnifiques décors de gypseries que nous restituons avec soin. Quant aux éléments décoratifs, témoignages aujourd’hui disparus des fêtes somptueuses données par Pauline de Caumont dans sa jeunesse, nous les avons imaginés pour orienter nos choix actuels, l’objectif étant de recréer une harmonie, une alchimie entre les souvenirs passés et la respiration présente de cet hôtel particulier. Dans cette démarche, nous avons retrouvé les couleurs et les matières utilisées au XVIIIe siècle dans les plus belles demeures françaises, jusqu’à Versailles. Sous l’impulsion de Marie-Antoinette, La Pompadour et autres femmes de goût, les roses, le parme, les bleus pâles et autres coloris frais et joyeux ont habillé les salons du Siècle des Lumières ; ils vont parer à nouveau ceux de l’Hôtel de Caumont. 

Nous avons également reconstitué une bibliothèque et un cabinet de curiosités, des lieux qui étaient, à l’époque, incontournables. En effet, le savoir et le plaisir s’y mêlaient dans un mariage subtil que nous voulons à nouveau conjuguer au présent à l’Hôtel de Caumont."

Quand François Rolland de Réauville décide de la construction de l’hôtel particulier en 1715, il charge l’architecte Robert de Cotte de dessiner les plans du jardin de l’Hôtel de Caumont dans le goût classique de l’époque : tracés géométriques soignés, perspective ouverte, jeux d’eaux… autant de codes des jardins dits "à la française".

Culturespaces entreprend le réaménagement des jardins haut et bas du Centre d'Art de l’Hôtel de Caumont dans l’esprit des lieux, par l’intermédiaire de documents d’archives contenant des plans réalisés par Robert de Cotte.

Dans ces jardins s’épanouissent les plantes typiques des jardins des belles demeures aixoises du XVIIIe siècle : le laurier et le buis comptent parmi les essences les plus fréquentes. On retrouvera aussi le robinier (faux-acacia d’Amérique du Nord implanté en France par Jean Robin en 1601), le cyprès, l’if, le tilleul, le lilas, l’érable rouge et argenté, et d’autres plantes emblématiques de la région : le chêne vert, l’agapanthe et le micocoulier de Provence. Le charme, le murier, le lierre et le magnolia complètent cette belle diversité de végétaux.

Ainsi, le parterre du jardin haut est formé par une pelouse ponctuée de buis boules et dessinée en compartiments géométriques autour d’un bassin. Le jardin bas comprend le parterre central inspiré du dessin originel de Robert de Cotte pour l’Hôtel de Caumont, entouré de buis, de rosiers, de chênes verts, de haies d’ifs et d’un bassin orné de trois tritons.

La restauration des jardins est entreprise par Pinson Paysage à qui l’on doit notamment la restauration des parterres du bassin de Latone au château de Versailles.